La tournée des popotes

[jalucine]

Nemanja Radulovic donnait concert hier soir en l’église de Baden dans le Morbihan. Pas question de rater ça alors que j’étais dans la région. C’est pour moi l’un des quatre musiciens les plus « extra-terrestres » que l’on a une chance d’entendre actuellement. Les autres sont Jordi Savall, Hélène Grimaud et Anna Netrebko. Il y a des hautement cultivés en musicologie qui pourraient tiquer, et j’apprécie beaucoup d’autres musiciens, mais ceux-là sont au firmament addictif de mes neurones auditifs.

Il était accompagné de Marielle Nordmann à la harpe, dont les timbres offrent un dialogue bien charmant avec le violon.



Par une stratégie audacieuse et habile, j’ai pu trouver trois places au second rang, à quatre mètres des musiciens, histoire d’en profiter au mieux dans une église pas forcément adaptée acoustiquement. Mais bon, finalement la réverbération n’a pas été gênante et l’église archi-pleine amortissait correctement. On ne peut qu’être fasciné par ce Nemanja qui a commencé le violon quasiment au berceau , reçois un « talent de l’année » à 12 ans et à 14 fait le soliste salle Pleyel. Reconnu dans le monde entier, pouvoir l’écouter à 4 mètres était une expérience enthousiasmante. Il est incroyable de précision et de clarté de jeu, avec des nuances et une capacité à générer l’émotion que je trouve unique. Un fond de culture des balkans probablement. En plus un sourire et une générosité qui transpire de toutes ses attitudes. Marielle Nordmann ne démérite pas et nous a produit deux morceaux en solo tout-à-fait appréciables. Lui a fait un solo avec les caprices de Paganini, le 24 et le 5. Mais l’un après l’autre, c’est trop facile pour lui. Les deux en même temps en passant d’un thème de l’un à un thème de l’autre, c’est plus amusant, et stupéfiant de voir son aisance sur les plus difficiles des compositions pour violon.

Bref, un concert magique qui restera dans les mémoires.